Le néant. Ce serait une flaque,
visqueuse, rampante. Elle enflerait, s’étendrait, nous recouvrirait, nous avalerait,
nous digèrerait. Nous régurgiterait, peut-être. Ou un trou. Un trou
gigantesque, béant, où personne n’aurait pieds, pupille insondable de l’absolu.
Une tâche, sur nos mains, dont l’encre se distillerait dans nos veines, jusqu’à
enrayer le mécanisme graisseux de pensées interdites.
Le vide entre les inspirations du
nouveau-né qui n’a pas encore décidé s’il veut vivre ou non. Le silence après
que tu aies claqué la porte. Le dernier souffle d’une main qui cherche l’interrupteur
en tâtonnant et qui interrompt tout.
Le
noir.
Le néant, c’est le chien du
voisin qui n’aboiera plus jamais, ce sont les basses qui la ferment après le
déluge, des paupières qui papillonnent sur des âmes vides. La seule
prescription que le monde entier dilue dans son café le matin, margarine universelle
qui fait plier les tartines, lait
hydratant des plus desséchés d’entre nous.
Ça fait un paquet de néants, un
paquet de bouts de nous, des bouts de nous, qui s’effilochent, mais que tes
mots démêlent. Il n’y a plus rien, quand tu parles, plus de néants, et plus de
flaques. Que ce rythme, que tu frappes de ta langue, et ton rire qui ricoche
sur des morceaux de sens. Alors parle, parle s’il te plaît et n’ose jamais te
taire, saoule moi de promesses, bégaie moi dans la bouche, vomis tes murmures
dans mon cou, crie moi « je t’aime » à l’oreille, ou « je te
déteste », peu importe du moment que.
Tu parles et il n’y a que toi. Et
ta voix indélébile. Que toi, que j’entende plus fort que le silence. Il n’y a
que toi, qui puisses combler l’appétit du vide.
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Photo de: http://silencenoir.blogspot.fr/ |
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