dimanche 29 avril 2012

How is this real?


Le néant. Ce serait une flaque, visqueuse, rampante. Elle enflerait, s’étendrait, nous recouvrirait, nous avalerait, nous digèrerait. Nous régurgiterait, peut-être. Ou un trou. Un trou gigantesque, béant, où personne n’aurait pieds, pupille insondable de l’absolu. Une tâche, sur nos mains, dont l’encre se distillerait dans nos veines, jusqu’à enrayer le mécanisme graisseux de pensées interdites.
Le vide entre les inspirations du nouveau-né qui n’a pas encore décidé s’il veut vivre ou non. Le silence après que tu aies claqué la porte. Le dernier souffle d’une main qui cherche l’interrupteur en tâtonnant et qui  interrompt tout. 
Le noir.
Le néant, c’est le chien du voisin qui n’aboiera plus jamais, ce sont les basses qui la ferment après le déluge, des paupières qui papillonnent sur des âmes vides. La seule prescription que le monde entier dilue dans son café le matin, margarine universelle qui fait plier les tartines,  lait hydratant des plus desséchés d’entre nous. 

Ça fait un paquet de néants, un paquet de bouts de nous, des bouts de nous, qui s’effilochent, mais que tes mots démêlent. Il n’y a plus rien, quand tu parles, plus de néants, et plus de flaques. Que ce rythme, que tu frappes de ta langue, et ton rire qui ricoche sur des morceaux de sens. Alors parle, parle s’il te plaît et n’ose jamais te taire, saoule moi de promesses, bégaie moi dans la bouche, vomis tes murmures dans mon cou, crie moi « je t’aime » à l’oreille, ou « je te déteste », peu importe du moment que. 

Tu parles et il n’y a que toi. Et ta voix indélébile. Que toi, que j’entende plus fort que le silence. Il n’y a que toi, qui puisses combler l’appétit du vide. 

Photo de: http://silencenoir.blogspot.fr/

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