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Elle danse sur la musique nasillarde des guirlandes du sapin, parce que c’est drôle, quand elle tourne ça fait des éclairs rouges sur le carrelage. Elle veut clignoter aussi. Eteinte, pétillante. Eteinte, lumineuse. Eteinte, éternelle.

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Elle se demande pourquoi les kiwis ont des poils et pense qu’ils feraient d’étranges animaux. Elle pleure quand la marchande d’allumettes meurt dans l’histoire et se dit que Blanche Neige aurait besoin d’insecticide avec toutes les bestioles qui lui tournent autour. Elle aime la grêle parce que c’est bizarre d’entendre ses parents dire « putain d’œufs de pigeons ! ».  Elle déteste les photos qui figent ses joues dans une posture particulièrement gonflée. Elle se marre quand elle entend « au temps pour moi », parce que c’est moche, et qu’il n’y en n’a jamais autant pour deux. Elle suit les lignes des trottoirs parce que ça fait peur de lire entre les lignes et elle se répète mille fois parce qu’elle parle trop vite sans jamais avoir grand-chose à dire. Elle vérifie que ses cordes vocales sont encore là dans la douche parce que sinon elle serait muette, et c’est horrible de ne pas pouvoir se faire comprendre. Elle aime bien dire non parce que c’est cool de se faire prier pour faire quelque chose qu’on a envie de faire. Elle fait des bracelets, sans les finir, parce qu’elle n’aime pas les nœuds. Elle ne réfléchit pas trop mais elle pense sans arrêt et elle accorde une importance fondamentale à ce qu’on distingue les deux, parce que tu vois.

Elle erre mais elle n’est pas perdue. Elle, ce n’est plus vraiment moi, mais elle voudrait que tu puisses te rappeler. Elle ça l’épuise de se souvenir pour deux, avec sa mémoire poreuse pleine de non-sens. Elle, elle sait que tu saurais mieux dire tout ça, que tu serais plus juste.

Manque-moi. Ne me laisse pas la tête dans le vide, en équilibre sur tes mots passés. Contente-toi de me manquer, même si ça ne sera jamais assez.