dimanche 29 avril 2012

Quelle France?

C'était à l'origine la réponse que j'avais faite à un internaute se revendiquant FN sur une vidéo Youtube, clamant son amour de la "France des français". Aujourd'hui, quelques jours après les 17,9% de Marine, je l'ai retrouvée et j'ai envie de la poster, bien qu'elle ne soit pas particulièrement pertinente. Je ne sais pas, peut être une tentative comme ça, histoire de me sentir moins impuissante face à ces voix tapies dans l'ombre, que j'ai tant de mal à comprendre.

J'aime la France, la France d’Olympe de Gouges, la France démocratique, la France terre d’asile. Une France unie et solidaire face aux inégalités qui se creusent, une France qui agit autant qu'elle rêve, qui s'ouvre et s'affirme.
Mais je n'aime pas la vôtre, où le territoire prend le pas sur l'humain, où vous croyez défendre un patrimoine historique en ne faisant que brandir les noms dorés de tyrans ou d'aristocrates qui par leur violence ou leur passivité représentent des siècles d'exploitation du peuple.
Vous prétendez vouloir défendre la nation face à un paternalisme européen, à une immigration « massive », à des « dérives » religieuses, mais vous vous battez pour des frontières de poussière que ceux que vous voulez chasser nous ont si souvent aidé à protéger. Votre France, elle aura faim de la richesse culturelle et de la main d’œuvre dont vous voulez la priver, votre France elle s’affaissera sur elle-même, îlot de passé aux splendeurs illusoires.
Surtout, elle aura les mains sales, plus sales que la terre que vous adorez, noyées des larmes et du sang de femmes forcées de mener à terme des grossesses qu’elles n’ont jamais souhaitées, d’hommes que vous renverrez dans le pays qui a assassiné leurs parents, d’enfants qui bien que français, ne se sentiront jamais comme tels parce qu’ils ne sont pas blancs.
Marine Le Pen n’a pour seul programme que celui qui lui permettrait d’être élue. Se prétendant parfois féministe dans ses discours, elle fait la promotion de mesures qui ramèneraient les femmes au foyer et fragiliserait leur condition sociale, anéantissant les efforts qui leur ont permis d’accéder à des acquis encore incomplets. Gaulliste un instant, mère protectrice des musulmans celui d’après, elle stigmatise, divise, vous ligue les uns contre les autres, comme elle sait si bien faire.
Mais elle ne dormira jamais tranquille, Marine, rêvant l’arrivée imminente de bateaux terroristes sur ses plages bleu-blanc-rouge, et vous sombrerez dans les mêmes cauchemars, noyés dans l’étendue amère d’une démagogie sans limites…
Vous n’aimez pas la France, vous aimez un mirage. La France, la vraie, elle vous berce, elle vous protège à votre insu, elle vous enrichit jour après jour, mais sans doute ne la verrez-vous jamais. Besoin de donner un sens à une existence trop vide, complexe d’infériorité ? Refusant la seule étreinte qui pourrait vous grandir, vous vous épuisez dans des combats  qui vous rendent méprisables, et font honte à notre Histoire commune.

3 commentaires:

  1. En parlant de souveraineté, le FN est une bande d'enfumeurs professionnels, puisqu'en 2008 par 2 fois leurs députés européens ont voté pour le Grand Marché Transatlantique de 2015.
    Ils divisent, et c'est bien pour ça qu'ils ne seront jamais républicains.
    http://www.legrandsoir.info/robespierre-sur-les-principes-de-morale-politique.html

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  2. Sinon, il y a quelque chose que je trouve aberrant chez l'extrême-droite: le fait qu'ils réduisent la citoyenneté à la nationalité.
    A mes yeux, la citoyenneté, c'est l'engagement dans la vie de la cité et des décisions qui la modèle, la politique en bref au sens propre du terme; alors que la nationalité renvoie plus à la nation, au territoire, et où les individus sont plus des occupants du territoire que citoyens.
    Bien pour ça qu'un citoyen doit constamment s'éduquer tout au long de sa vie, puisqu'il est amené à être impliqué sur des thèmes spécifiques, à donner son avis, et se confronter aux autres, et donc forcément à revoir son point de vue, soit totalement, soit partiellement. Bien pour ça que le refus d'accorder le droit aux étrangers est injuste puisqu'ils prennent part pour dans majorité à la vie de la cité depuis des années en France.
    La citoyenneté ne requiert pas la nationalité pour être utilisée, par contre la nationalité peut restreindre ou étendre le champ de la citoyenneté.
    Cela dépend essentiellement des rapports de force établis au sein de la société, et de fait, des institutions en place qui établissent le fonctionnement des médias, de l'école et de l'université (+classes prépas et grandes écoles dans le cas de la France), du rapport à l'argent et aux autres, et surtout à quelles classes de citoyens le pouvoir en place permet d'exercer pleinement leur citoyenneté, et ce de manière effective sur les plans matériel et culturel, en particulier lorsqu'il s'agit des classes populaires.
    L'enjeu du bien commun est centrale, et cela doit passer la redéfinition de la citoyenneté. C'est crucial si on veut que la démocratie soit réelle, légitime et, en quelque sorte, "non-censitaire".

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  3. Un petit oubli...:
    "Bien pour ça que le refus d'accorder le droit de vote aux étrangers est injuste puisqu'ils prennent part pour dans majorité à la vie de la cité depuis des années en France."

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