samedi 11 mai 2013

Assise par terre



"But you only miss the sun when it starts to snow, only hate the road when you’re missing home."

C’est la rue et le trottoir, entre deux boîtes de pizza, l’alcool qui chante d’une voix grave sa joie d’avoir été bue, encore. Des mecs qui shootent dans les sacs poubelles, un punk à chien qui passe sans les voir, et toi sur le pavé qui compte les mégots, ribambelle de mikados tirés par un joueur très mauvais. Il pleut et le caniveau vomit ces visages noyés que tu pensais oubliés. Ce soir, l’eau peut être livide. Elle peut se boursoufler, couler sur tes bottes, incruster tes semelles de souvenirs liquides : tu ne sens rien et il ne fait pas froid. 

On n’est pas las à vingt ans. A vingt ans, on a le cœur bourré d’ivresses et on apprend à ne plus attendre l’aube. Peut être qu’on sait même, inconsciemment, combien hier c’est loin.

Mais il était 3h et il n’y avait plus d’étoiles, alors tu t’es quand même remise à attendre. Et tu as attendu, jusqu’à ce que le vent et ses mots ne soient plus si doux sur ta joue. Jusqu’à ce que toutes les lumières grésillent, jusqu’à ce qu’elle revienne, te prenne pas l’épaule, et te dise « on y va ». Alors tu l’as ramenée, comme si tu savais, comme si tu étais sûre, comme si tu marchais droit. Comme s’il ne flottait pas encore, là-bas, cette petite photo le long du trottoir. 
Photo de silencenoir2.blogspot.fr/

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