mardi 26 juin 2012

Fards

Ça pue la détresse. Tu sais, cette sueur crade, qui te dégouline le long des tempes quand tu demandes « Tu vas rester hein ? Pour toujours ? Tu ne me laisseras pas, jamais ? ». 
Et quand tu fermes les yeux, ça pique, ça te crame la rétine comme si tu avais avalé tout un stock de fumigènes, mais tu demandes quand même, tu trouves, entre deux haut-le-cœur, la force de graver cette litanie sur tes lèvres, pesante. 
Reste. Comme si le dire, encore, toujours, pouvait la figer à tes côtés.  Et la sauver.

Qu’est-ce qui t’arrive ? Le goudron, où tu te roules, ivre de son soupir, encore infini. Ton rire, à outrance, plus fort qu’aucun autre, plus réel aussi, parce que c’est vraiment drôle, quand même, mais que tu es la seule à t’en rendre compte. 
Cette bouche, que tu goûtes, pour te taire, mais c’est fade et ça n’étouffe pas ton nouveau refrain. 
Reviens.
Tu te consumes, de fumée qui t’échappe, qui s’échappe, chanceuse. Amusée de tout, consciente de rien, ce reflet tout neuf, dans la glace, fêlé. Il sait bien lui, que c’est parce que tu n’as pas crié assez fort, qu’elle est partie. C’est drôle, toujours. 
Ta voix porte mieux, depuis qu’elle n’est plus là. Elle a le vide et ses échos, pour résonner, toner, éclater en dizaines de silences défigurés. 

Eux tous, rois des masques, pas un pour relever l’imposture. Carnaval qui t’arrange, toi la joueuse, l’indécise, l’intolérable mime. 
Ecœurée de ce fard qui s’écaille, et qui donne à ce cynisme sans âge le plus étranglé des sourires, tu frottes tes joues jusqu’à en flatter l'os.
Tu sais ce que tu veux. Qu’il parte, à son tour. Pourtant tu n’oses le regarder en face de peur qu’il ne s’évapore. 



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