dimanche 1 septembre 2013

Billet furtif

Je n'aimais ni les moules, ni les huîtres, cramponnées à leur rocher comme si elles n'avaient connu que lui, et ne voulaient pas en connaître d'autre. Je n'aimais ni l'eau qui stagne, ni le ploc-ploc régulier des robinets qui fuient. Poèmes sans attraits, déclarations sans surprises, lignes et pointillés d'une constance indolente, monde maniaque de l'immobile.

Il n'y avait que la fuite qui vaille. Courir partout, n'importe comment, les pieds pleurant, crachant sur l'ardoise, mais courir loin. Revenir sur ses pas, c'était rester. C'était ne jamais partir.

Et partir... C'était prévoir, prévenir. Choisir. Sauver ce qui pouvait l'être. Recommencer.

D'éternité, il n'en n'existe que dans la fuite, le reste est périssable ou nous use à la longue. Mais sans stigmates, sans les baisers tièdes que le temps nous donne, que reste-t-il pour nous promettre qu'on a vécu?


Une pierre qui roule à l'aveugle ne sait jamais si c'est par lâcheté, par amour ou par folie qu'elle bat un jour des cils. Elle s'étonne simplement que ce qu'elle voit ensuite suffise à la persuader de rester.   

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